Dans les hauts de Belleville, à Paris, dans un immeuble des années 1960, Jeanne Cherhal habite un appartement « sans moulures ni fioritures ». Dans son « cocon en étage élevé », la chanteuse nous accueille parmi ses « objets bienveillants ». Dans la cuisine, une affiche du film « Jules et Jim », avec l’actrice Jeanne Moreau qu’elle adule, et une autre de David Bowie, Ziggy Stardust étant un de ses albums de chevet. Dans une autre pièce, elle s’amuse d’une tasse blanche qu’elle a volée dans un hôtel de Bretagne et qui lui rappelle un bon concert qu’elle avait fait la veille. Au milieu de valises éparpillées en vue d’un prochain voyage, Jeanne Cherhal raconte la formation de son goût.
Elle a grandi près de Nantes avec ses deux sœurs, son père plombier, « attentif à ne pas gaspiller l’eau », et une mère institutrice, « passionnée de théâtre, de cinéma et de littérature ». Dans l’enfance, Jeanne Cherhal pratiquait la danse classique, mais c’est finalement la musique qui l’a emporté. Elle apprend le piano en autodidacte, en reprenant note à note l’album « Sheller en solitaire », sorti en 1991. Parmi les figures qui ont marqué son adolescence, elle désigne aussi Alain Souchon, Patricia Kaas, Kurt Cobain, Véronique Sanson…
C’est après avoir assisté à la prestation émouvante d’un chanteur de bar avec accordéon qu’elle se décide à écrire elle-même ses propres chansons sur un petit clavier électronique, alors qu’elle étudiait la philosophie à l’université. Jeanne Cherhal évoque aussi son septième album, « Jeanne », qu’elle a écrit et réalisé avec son complice Benjamin Biolay. Après avoir percé dans la chanson française au début des années 2000, l’artiste de 47 ans continue, au piano, d’aborder des thèmes comme la vie, la féminité, le temps qui passe, l’époque post-MeToo, les rapports homme-femme, le couple et le désir.
Cet épisode a été publié le 18 avril 2025.
Depuis six saisons, la journaliste et productrice Géraldine Sarratia interroge la construction et les méandres du goût d’une personnalité. Qu’ils ou elles soient créateurs, artistes, cuisiniers ou intellectuels, tous convoquent leurs souvenirs d’enfance, tous évoquent la dimension sociale et culturelle de la construction d’un corpus de goûts, d’un ensemble de valeurs.
Un podcast produit et présenté par Géraldine Sarratia (Genre idéal), préparé avec l’aide de Diane Lisarelli et de Juliette Savard
Réalisation : Emmanuel Baux
Musique : Gotan Project
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