39 semaines de grossesse : je suis entre mon canapé et mon lit, en proie à la rétention d’eau de fin de grossesse, ma maison ressemble à la réserve de Dreambaby et je ne suis plus confortable qu’en salopette. La plénitude de la grossesse ? Tant mieux pour toi si tu l’as connue ! Pour ma part, cela a été une succession d’inconforts et petites et grandes douleurs ; et puis aussi des moments d’émerveillement ! Dans cette période de chamboulements hormonaux et physiques, j’ai écouté la Matrescence, un podcast de Clémentine Sarlat. Et cela m’a fait beaucoup de bien !
La Matrescence
Clémentine Sarlat est journaliste sportive. Il y a trois ans, elle a donné naissance à une petite fille et cela a littéralement bouleversé sa vie. Elle a commencé à s’intéresser au phénomène qui l’a engloutie pendant les premiers mois de sa vie de mère et a découvert qu’il existe un mot qui le nomme très précisément : la matrescence.
Le mot clé pour moi, c'est comprendre ce qu'il m'arrivait.
Le concept, bien connu aux USA depuis les années 70, on le doit à Dana Raphael
On reconnaîtra la contraction de maternité et d’adolescence. Le concept, bien connu aux USA depuis les années 70, on le doit à Dana Raphael, une anthropologue américaine, qui avait déjà découvert que les parents, et notamment les femmes en première ligne de son étude, subissaient la même transition intense de leur vie d’adulte vers leur maternité qu’un enfant à travers l’adolescence. Depuis, les neurosciences sont venues confirmer ses observations : les parents (mais donc aussi les hommes, les co-mamans et les parents adoptifs) vivent cette transformation neuronale. S’occuper d’un enfant modifie profondément le cerveau, la maturation prend à peu près deux ans, et c’est à cette période très précise que Clémentine Sarlat s’est intéressée.
Un jour, je suis tombée un peu par hasard sur ce mot "la matrescence" [...] Il a tellement raisonné en moi [...] qu'à force d'en parler, je me suis dit que moi je devais tenter de toucher plus de monde que simplement mon cercle privé pour prévenir, pour mettre des mots et pour expliquer.
Son podcast rassemble des épisodes d’environ une heure. Dans chaque épisode, elle interviewe un expert et explore des sujets variés : le chamboulement des émotions pendant le post-partum, la communication avec le nouveau-né, la nécessité d’allonger le congé parental du/de la conjoint.e, la carrière des femmes après leur retour au travail, les accouchements physiologiques, l’avènement des doulas… sans oublier des sujets plus tabous et sur lesquels il faut lever le voile, comme les émotions contradictoires dans la vie d’une mère, le bonheur et les regrets d’avoir un enfant, la répartition des tâches à la maison, les suites de couches, la détresse des mères face à leur nouveau né…
Bref : avec sa voix claire et posée, Clémentine Sarlat nous propose un voyage dans les nuances de la réalité, loin des stéréotypes ou des injonctions sociales du bonheur d’être parents. Tout ça dans un dialogue bienveillant avec des interlocuteurs qui livrent à la fois l’objet de leurs recherches et des témoignages touchants.
L’aventure de devenir parents apparaît alors comme une exploration, faite d’incertitudes, d’erreurs, et de tâtonnements, nous renvoie à notre propre humanité, avec à la barre un être qui se construit au jour le jour !
Je ne sais pas exactement quelle Matrescence je vais vivre, mais grâce à Clémentine Sarlat, je suis désormais prévenue qu’à défaut d’un conte de fée, ce sera une véritable aventure !
