Qu’est-ce qui a conduit Julie à des actes de violence et d’humiliation ? Comment a-t-elle pu aller aussi loin ? La moitié du gourou est un podcast dont l’apparente simplicité laisse toute la place à la puissance du récit, celui de Julie, glaçant, qui vous hantera longtemps.
À 31 ans, Julie attend désespérément que « quelque chose se passe ». En quête de sens, elle trouve refuge dans l’Université de la Nature, de l’écologie et de la relation, un collectif autoproclamé « avant-gardiste » mêlant écologie et développement personnel. Pour la première fois, elle se sent véritablement à sa place, mais cette illusion ne durera pas… Son témoignage terrifiant et tragique est souvent difficile à entendre mais d’une importance fondamentale car il explore les mécanismes de l’emprise, un sujet brûlant et mal compris car la violence n’est pas toujours là où on l’attend, qu’elle n’est pas toujours la plus visible.
Le podcast de Manon Prigent, qui recueille cette parole essentielle, est digne d’une production Arte : l’audio, l’atmosphère et les ambiances sont soigneusement travaillés. Pourtant, la forme reste très simple, car la parole suffit à vous couper le souffle.
Plongée dans les profondeurs de l’emprise.
Julie s’immerge dans le collectif – disons-le, la secte – se rapprochant de plus en plus du leader, Gabriel, qui la manipule habilement. De favorite, elle devient le bras droit, instaurant elle-même un climat de peur. Progressivement, Julie s’impose comme la figure dominante, entraînant le collectif vers des dérives violentes, allant jusqu’à des agressions sexuelles.
Après six ans, alors que la secte s’effrite, Gabriel intensifie ses abus pour maintenir le contrôle, menant à un drame tragique qui met fin à leur activité sadique et les pousse en prison. Julie se confronte alors aux conséquences de ses actes. Elle réalise avec distance l’ampleur de son obéissance et l’impensable attitude vers laquelle elle a été entraînée.
Comprendre l’emprise, c’est aussi s’en libérer. Le témoignage de Julie explore la dynamique du mal, soulignant non pas le plaisir du pouvoir, mais celui de l’obéissance, et comment la volonté de bien faire peut mener à des atrocités sous une autorité perverse.