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“On est là” : le podcast qui donne la parole aux meufs de cité

Invisibilisées, mal représentées et ciblées par de nombreux clichés, les femmes et filles des cités françaises se livrent dans On est là, un podcast qui leur donne enfin la parole.

Est-ce que tu sais me citer 5 meufs de banlieue connues et reconnues pour ce qu’elles font ? Non ? C’est bien là tout le problème. Ce constat, il est posé par Annabelle, 25 ans, née et ayant grandi en cité, bisexuelle, racisée… Une identité multiple et riche qui lui a valu plus d’une fois de se sentir le cul entre milles chaises, « à la fois invisible et pointée du doigt ». Un sort qui est souvent réservé aux femmes de banlieues et auquel Annabelle compte bien mettre un terme avec son podcast On est là qui donne la parole à toutes ces meufs qu’on ne voit pas, mais qui existent bel et bien.

Parce que oui, elles sont là les femmes des cités. Si les hommes issus du même milieu sont caricaturés à coup de « mecs en colère aux comportements violents qui vendent de la drogue », elles, sont carrément effacées du paysage. Annabelle, sur le compte Instagram de son podcast, l’illustre particulièrement bien dans ce post. Les peu de fois où elles sont représentées, elles sont tout autant stigmatisées, selon l’imaginaire collectif véhiculé par, en vrac, les médias, la télé, le cinéma ou encore le monde politique.

Selon eux, il existerait trois types de banlieusarde : la victime enfermée et soumise par les hommes, la meuf “garçon manqué” vener qui va chercher l’embrouille et qui parle mal et la « pute qui tourne dans les caves ». Comme le dit Annabelle, elles sont constamment perçues sous des angles sexistes, racistes et classistes et donc dans « l’angle mort des luttes sociales ». Elles se sentent alors forcées de cacher leurs origines pour éviter les préjugés. Annabelle elle-même explique qu’elle s’est constamment adaptée aux personnes avec qui elle interagissait pour se fondre dans la masse.

"Appeler le monde à les voir, les entendre"

Concernant les métiers, les hommes de banlieue « qui ont réussi » sont toujours caricaturés dans les mêmes domaines : le foot ou le rap. Des clichés tenaces. Les femmes, elles, “n’ont même pas droit aux clichés”. C’est dire à quel point elles sont invisibilisées : on ne s’est même pas donné la peine de les caricaturer dans des jobs « types ». Et pourtant, elles sont artistes, entrepreneuses, mamans, commerciales, sportives, étudiantes… Elles ne sont simplement jamais mises en avant.

Dans son podcast, Annabelle les met enfin au devant de la scène pour « appeler le monde à les voir, les entendre ». On les écoute parler de leur vie, leur enfance, leurs projets, leurs rêves… Elles cassent le mythe de « la femme de cité » et donnent enfin la représentation nécessaire pour inspirer toutes femmes et filles qui les écouteront et les inciter à ne plus “attendre que les autres les respectent pour avancer”.

"Tout le monde parle, mais personne n'écoute"

S’il y a un mot à retenir de ce podcast, c’est « représentation ». On sait ô combien se sentir représenté·es est important. Comme le dit Meesyz, l’invitée du deuxième épisode, “c’est important qu’on puisse se rencontrer, avoir des modèles”. Quand on est au croisement de plusieurs luttes, il est d’autant plus difficile de se sentir représenté·e. Voir des personnes qui nous ressemblent réussir permet de rêver que tout est possible.

Au-delà de casser les préjugés sur les femmes, On est là casse le cliché de « la banlieue » comme lieu de non-droit, violent et où il ne faut pas s’aventurer. On comprend que la cité, “si on ne lui collait pas cette étiquette, ce serait un village”, comme le dit si bien Ashley dans l’épisode 3. Quand on laisse parler les personnes concernées, on entend la réalité. Toutes racontent leur enfance joyeuse entourée de leur famille et de leurs ami·es et combien avoir grandi en banlieue et les valeurs qu’elles en ont retiré leur a apporté.

Ce podcast est donc ultra nécessaire pour ÉCOUTER les personnes concernées, car comme dit Annabelle, “tout le monde parle, mais personne n’écoute”. Grâce à On est là, on entend enfin autre chose que les clichés, on déconstruit nos préjugés et on comprend les enjeux et les difficultés qui sont mises au travers de la route de ces jeunes femmes très tôt dans leur vie… et comment elles parviennent à les dépasser.

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