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Depuis l’été dernier, Émilie Laystary a pris les rênes de Bouffons, le podcast qui parle bouffe. À l’occasion du Brussels Podcast Festival, nous l’avons (gentiment) cuisinée sur les coulisses de ce podcast qui met l’eau à la bouche et questionne nos assiettes. On passe à table avec Émilie Laystary !
Bouffons est un podcast de Nouvelles Écoutes et probablement l’un des podcasts francophones dédiés à la bouffe les plus populaires ! Lancé en décembre 2017 avec Guilhem Mallissen aux commandes, sa diffusion s’interrompt en février 2019 lorsqu’éclate en France le scandale de la Ligue du LOL. Guilhem Mallissen a en effet été actif au sein de ce groupe et Nouvelles Écoutes, studio à l’origine des podcasts féministes La Poudre et Quoi d’Meuf ?, souhaite logiquement s’en dissocier. En août 2019, Bouffons fait son grand retour pour la plus grande joie des gourmand·e·s. C’est Émilie Laystary qui en devient la voix.
Comment décrirais-tu Bouffons aux gens qui ne l’ont jamais écouté ?
Émilie Laystary : « Bouffons » est un rendez-vous hebdomadaire dédié à l’alimentation au sens large. Chaque mercredi, on explore un nouveau sujet : un ingrédient (comme la coriandre), une préparation (comme le flan) ou encore une question liée à notre rapport à l’alimentation (par exemple : pourquoi mange-t-on si mal dans les hôpitaux en France?).
Dans chaque épisode, on tend le micro à deux personnes aux profils complémentaires : un chef, une historienne de l’alimentation, un philosophe ou encore une personne qui entretient un rapport personnel avec un ingrédient sans pour autant exercer un métier dans le secteur alimentaire.
Récemment, il y a eu un épisode entier sur le thème "cuisiner en couple"...
Oui, en effet ! C’était la semaine de la Saint Valentin et il était bien sûr hors de question pour nous de parler de chocolats industriels en forme de cœur. On a plutôt saisi l’opportunité pour rebondir et trouver quelque chose qui parlerait au plus grand nombre.
Ce qui est intéressant avec la nourriture quand tu es en couple, c’est qu’il ne s’agit plus de cuisiner de ton côté et de faire tes propres choix. La plupart du temps, tu dois procéder à des arbitrages, trouver un terrain d’entente avec la personne avec laquelle tu vis et peut-être inventer des recettes qui vont plaire aux deux personnes.
Comment les sujets sont-ils définis ?
Derrière « Bouffons », il y a toute une équipe. Chaque épisode est le fruit de nos discussions. Les sujets les plus intéressants émergent quand on discute, comme on bavarderait au bar ou sur un coin de table.
Quelqu’un dit : « Ce week-end, j’ai mangé des asperges ». Un autre : « Je crois que si on aime beaucoup les asperges, c’est parce que la saisonnalité est très courte ». Et on se retrouve à décider de consacrer un épisode aux asperges.
Quelqu’un dit « Ce week-end, j’ai mangé des asperges. » Un autre : « Je crois que si on aime beaucoup les asperges, c’est parce que la saisonnalité est très courte. » Et on se retrouve à décider de consacrer un épisode aux asperges.
"Bouffons" a commencé en décembre 2017. Toi, tu es entrée en scène en août 2019 (voir encadré). Comment t’es-tu retrouvée à en prendre les rênes ?
Tout est parti d’une proposition que j’avais adressée à Nouvelles Écoutes sur un tout autre sujet que l’alimentation. Cette idée n’a pas pu voir le jour, faute de budget.
Mais quelques mois plus tard, Laura Cuissard, la productrice est revenue vers moi. Mon profil de journaliste de société, gourmande, voyageuse fréquente, intéressée par l’aspect société de l’acte de manger leur laissait penser que je serais une bonne candidate pour reprendre les rênes de « Bouffons ».
C’est intéressant parce que je n’avais pas pensé moi-même à m’orienter vers un podcast sur ce sujet. L’alimentation, c’est un sujet que j’avais traité plutôt sous l’angle de l’environnement ou de la santé. Mais pas directement en faisant parler des chefs ou des chercheurs.
Tu t’es donc retrouvée avec un concept qui existait déjà, une audience qui avait déjà ses habitudes, ses attentes. Comment as-tu fait pour t’approprier le concept ?
Dès le début, l’équipe de Nouvelles Écoutes m’a encouragée à apporter ma touche, en faisant fi des considérations techniques, de ce qui avait été fait avant ou de ce qui viendrait après.
On a rediscuté ensemble de l’état d’esprit du podcast : le côté société, alimentation et l’idée de faire parler des gens qu’on n’a pas forcément l’habitude d’entendre sur certains sujets.
Dans les premiers épisodes, on a voulu assumer clairement le changement de voix. On a choisi des sujets qui m’étaient très personnels pour faire connaissance avec l’audience : le vin car j’ai suivi une formation d’œnologie, le Bánh mì, car j’ai des origines vietnamiennes, et la cuisine du Nord.
Une vingtaine d’épisodes ont été diffusés depuis le "reboot". Es-tu satisfaite du résultat ?
Je suis très contente du rythme que l’on a réussi à trouver. Il y a une belle alternance. On a, d’une part, les épisodes où on parle d’un ingrédient en particulier et qui vont inspirer les gens qui nous écoutent en cuisinant, donner l’eau à la bouche, avec un côté très gourmand. Et d’autre part ces épisodes où l’on sort le regard de l’assiette pour regarder ce qu’il y a autour : comment on mange ensemble, quels jeux de pouvoirs s’exercent…
Comment on mange ensemble, quels jeux de pouvoirs s’exercent…
Et pour finir, écoutes-tu des podcasts ?
Oui, et pas forcément que des podcasts culinaires ! J’écoute La Poudre et Les Couilles sur la Table. J’ai écouté tous les épisodes de Salade Tout. J’aime aussi beaucoup la nouvelle série de Nouvelles Écoutes, Intime & Politique. J’écoute chaque épisode de Transfert. Et j’écoute Programme B, certains matins, selon le sujet.
À quels moments de la journée écoutes-tu des podcasts ?
Quand je marche, principalement. Quand je vais d’un point A à un rendez-vous et que je suis seule, par exemple. Quand je cuisine aussi, quand j’ai les mains occupées. C’est très chouette d’être divertie comme ça, dans les oreilles.