Si tu es un·e adepte de notre catalogue LVDT, tu auras sans doute remarqué qu’il existe pas mal de podcasts féministes! De La Poudre avec Lauren Bastide, aux Couilles sur la table avec Victoire Tuaillon, en passant par The Guilty Feminist, le podcast a libéré la voix des femmes… Pourquoi? Comment? Je tente un début d’explication…
Le podcast, une révolution
Ces 15 dernières années, le podcast n’a cessé de faire parler de lui… Mais pourquoi? Entre autres, parce qu’il a permis aux minorités, quelles qu’elles soient, de trouver un médium pour s’exprimer. Parce qu’avant internet, les médias, c’était surtout de grosses sociétés détenues par le sacro-saint patriarcat. Mais, avec l’avènement du web et les débuts des réseaux sociaux, tout le monde est devenu créateur de contenus, et un diffuseur à lui tout seul… Plus besoin d’avoir l’autorisation de qui que ce soit pour donner de la voix!
La puissance du son
L’autre arme de destruction massive du podcast? C’est que c’est du son! Pas besoin d’équipement sophistiqué, pas besoin de lumière, de caméra, de réfléchir à son cadre, on appuie sur « Rec » et puis il suffit de parler…
Alors bien sûr, des productions plus professionnelles se sont développées, mais, ici, on parle de l’origine d’un phénomène… Et l’autre ultime puissance du podcast, c’est d’avoir libéré les contenus de leurs limites de temps. Plus besoin de chronométrer son temps de parole, de se caser entre deux autres programmes… On parle jusqu’à ce qu’on ait fini de penser!
Quand on dit beaucoup de mots, on sort des stéréotypes. Et ce qui nous tue, ce sont les stéréotypes et les clichés. Dès l’instant où une femme parle assez longtemps pour montrer son individualité, son identité propre, ses accidents de parcours, on sort de l’idée de LA femme.
Lauren Bastide
Les femmes, mais pas que!
Le sexisme n’est qu’une des discriminations générées par le patriarcat et il n’y a pas que les femmes qui ont trouvé un médium d’expression au travers du podcast. Les personnes racisées ou encore la communauté LGBTQ+ en ont aussi fait un outil de communication et de partage.
Un des atouts du podcast, c’est qu’il offre un cadre “safe” avec une légèreté de production indéniable. Un endroit où la prise de parole est possible en toute intimité et sans tabou. Et de l’intime et de la liberté de parole, on peut dire que c’est ce qui manque souvent aux médias traditionnels!
À traduir : le « regard féminin« . Un regard féminin sur le monde qui a trouvé un lieu d’expression avec le podcast. Mais c’est quoi exactement le « female gaze »?
Ce terme est né en opposition à la théorie du « male gaze » (« regard masculin« ) développée par une réalisatrice anglaise dans les années 70, Laura Mulvey. Cette théorie est simple : les réalisateurs, les metteurs en scène, les auteurs sont principalement des hommes, et les histoires qu’ils racontent passent indéniablement par le filtre de leurs caractères masculins. Ils portent ce regard masculin sur la vie, sur la société et, surtout, sur les femmes. L’exemple type du « male gaze » : faire découvrir un personnage féminin par un plan qui remonte de ses chevilles à son visage.
C’est donc en opposition à une vision masculinisée du monde que le « female gaze » a vu le jour. Le « female gaze » veut raconter la société, la vie et l’histoire des femmes avec un point d’observation différent.
Pourquoi faire ça? Parce que nos fictions, nos récits, nos histoires, ce sont nos mythologies collectives. Et la manière dont nous « racontons » les hommes aux hommes, les femmes aux femmes, les hommes aux femmes et les femmes aux hommes, changent les rapports de force entre générations entières…