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“Je ne suis pas née femme” : parcours d’une renaissance

“Vous avez un vagin court et borgne”. À 17 ans, Lucie Robet apprend qu’elle n’a pas d’utérus, qu’elle n’est peut-être pas une femme, ou peut-être que si, ou peut-être que quoi ? À 46 ans, elle fait le point dans Je ne suis pas née femme , un récit sonore instructif et poignant, sans mélodrame, sur le syndrome MRKH.

À 12 ans, la meilleure amie de Lucie a ses règles. Elle est si fière, qu’elle invite Lucie aux toilettes pour lui montrer la tache de sang dans sa culotte. À 14 ans, Lucie n’a toujours pas ses règles, elle s’inquiète, se renseigne. À l’époque, Internet n’existe pas. À 17 ans, Lucie apprend qu’elle est née avec le “MRKH”. Il s’agit d’un “syndrome congénital” qui touche au sexe et, donc, à la sexualité et à l’identité.

"Tout le monde rêve ‘d’être normal’. La nature est tout le temps en train d’essayer des choses différentes. Il y a une norme et il y a beaucoup de variations autour de la norme, et partout, chez les plantes, chez les animaux, chez nous. Il y a des fleurs qui ont des doubles corolles alors qu’elles ne devraient en avoir qu’une, et ça ne nous gêne pas beaucoup dans l’ensemble. Les femmes jouent à être des femmes, les hommes jouent à être des hommes, ces jeux varient”.

MRKH quoi ?

Le MRKH – le syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser – concerne environ une femme sur 4500 dans le monde. Il s’agit d’une malformation congénitale rare. Les personnes concernées naissent sans utérus, voire sans vagin (partiellement ou entièrement).

Depuis Bruxelles, où elle vit depuis quelques années, Lucie Robet revient sur ces années vécues qui ont été le terrain de questionnements, de pleurs, de solitude, de faiblesses et de périodes plus calmes ou joyeuses. Lucie a lu les publications de L’Organisation Internationale des Intersexués (OII), Trouble dans le genre de Judith Butler, des romans comme Middlesex de Jeffrey Eugenides, elle est allée à l’avant-première de XXY de Lucia Puenzo… Mais c’est de son expérience personnelle avant tout qu’elle tire Je ne suis pas née femme, un récit documentaire intime qui explique un phénomène physique et dévoile des états psychologiques et questionnements très personnels. Un témoignage unique qui fait écho au tout public.

Un "je" qui en jette

La force de ce podcast est son art de sortir des lieux communs les plus difficiles –en même temps que sa protagoniste voit des clichés s’évanouir– en passant d’une personne à l’universel. C’est en effet un récit très fort, raconté à la première personne, qui ne tombe pas dans le mélodrame, mais traite d’un sujet complexe avec légèreté (et non simplicité). Et en plus de tout ça : l’auditeurice découvre une mise en forme sonore superbe et agréable. Pas étonnant, donc, qu’en janvier 2022, le festival de Brest Longueur d’ondes a décerné la mention spéciale “Force du récit à la première personne” à ce podcast documentaire savant et touchant.

Un Atelier belge à l’écoute du son

Le récit de Lucie Robet est coproduit par Farago & la RTBF, avec le soutien du FACR et de la Bourse Gulliver, et accompagné par l’acsr. L’occasion pour nous de te dire quelques mots sur L’Atelier de création sonore radiophonique (acsr) qui accompagne des créations sonores depuis 1996 et es accompagne même de plus en plus, et de mieux en mieux !

Depuis Bruxelles, l’acsr soutient de différentes façons des auteurs·trices de créations sonores radiophoniques (surtout des broadcasts et podcasts). De l’incitation au son à la diffusion, en passant par la production, le financement ou l’accompagnement artistique et technique, l’acsr a pour ambition de favoriser la transmission, les échanges, les recherches, le financement et les expérimentations dans le domaine de la création sonore.

*Les projets accompagnés doivent nécessairement avoir obtenu un financement extérieur ou être sélectionnés lors de l’appel à projets Empreinte.

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