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De l’intime au public: Les habitudes des auteurs·trices partagées grâce au podcast Alinéas

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Alinéas, c’est un nouveau podcast belge qui plonge dans l’intimité des auteurs et autrices belges. Une façon originale de (re)découvrir la littérature à travers celles et ceux qui la travaillent au quotidien. Rencontre avec l’initiatrice du projet: Aurore Engelen.
Animatrice de Masterclass, journaliste, rédactrice en chef de Cinevox, créatrice du Festival "Afrique taille XL" à Bruxelles, ça fait beaucoup de casquettes à porter! Comment tu te présenterais aujourd'hui ?

Alors aujourd’hui mon activité principale c’est d’être journaliste effectivement à la fois en presse web, en presse écrite et puis pour des podcast depuis un an et demi maintenant. C’est vraiment ça mon activité principale même si c’est vrai que je suis passée par plusieurs d’autres étapes avant ça. Aujourd’hui, c’est vraiment ça qui mobilise mon énergie et ma créativité.

Je voulais te demander aussi comment tu en es venue à choisir le podcast comme médium, alors que d’après ton parcours, tu es fort axée cinéma.

C’était lié à un intérêt personnel d’écoute. Et puis comme j’ai lancé ça dans le premier confinement, c’était quelque chose qui me semblait possible de développer.  Proposer un contenu différent des articles écrits que j’avais l’habitude d’écrire. C’était vraiment ça, c’était amener une autre intimité avec les auteurs et les autrices que celle dont les gens avaient l’habitude qui étaient soit des interviews écrites soit alors plutôt des interviews filmées. 

Le podcast aussi se distingue aussi parce qu’il n’est pas dans l’actualité ou en tout cas, il peut facilement être libéré de la promotion. Ça permet aux gens d’avoir d’autres discours et de proposer d’autres choses. Le podcast n’est pas nécessairement ancré dans une actualité et peut s’écouter à des moments très différents au bon vouloir des auditeurs.trices et il permet de libérer de la promotion.

Il y a un fil directeur très concret qui est la place que l’écriture prend dans la vie et dans le quotidien des gens. Ce que je veux savoir c’est: est-ce qu’ils sont assis ou debout ? Est-ce qu’ils écrivent avec un stylo ou au clavier ? Est-ce qu’ils ont besoin de boire du café ou plutôt un verre d’eau ? Est-ce qu’ils mettent de la musique ou écrivent dans le silence ? Et puis, à quel point ça peut les obséder ? Alors je me doute bien qu’en général, ça obsède les auteurs et autrices mais je me demande comment ça se ressent, comment ça se vit, etc.

Pour parler du podcast Alinéas en lui-même, dans chaque épisode, tu pars à la rencontre d’un ou d’une autrice belge pour l’interroger sur ses pratiques d’écriture en posant les mêmes questions d’épisode en épisode. C’était une volonté de partir sur ce format fixe, quitte à risquer des redites ?

Oui c’est vraiment l’idée. Il y a un fil directeur très concret qui est la place que l’écriture prend dans la vie et dans le quotidien des gens. Ce que je veux savoir c’est: est-ce qu’ils sont assis ou debout ? Est-ce qu’ils écrivent avec un stylo ou au clavier ? Est-ce qu’ils ont besoin de boire du café ou plutôt un verre d’eau ? Est-ce qu’ils mettent de la musique ou écrivent dans le silence ? Et puis, à quel point ça peut les obséder ? Alors je me doute bien qu’en général, ça obsède les auteurs et autrices mais je me demande comment ça se ressent, comment ça se vit, etc. Il y a vraiment des points communs entre tous les témoignages, mais chacun·e à une façon très personnelle de le vivre. 

 

Tu as fait le choix d’enregistrer ces épisodes à distance. J’imagine que c’était surtout du au contexte de la crise sanitaire, mais y avait-il d’autres raisons ?

Alinéas_VignetteEffectivement, c’est d’abord lié à la crise sanitaire. À cette époque là, on était tous en train de découvrir Zoom comme moyen d’organiser des réunions, mais je n’avais pas du tout envie de brancher la caméra parce que je trouvais ça trop intrusif et en plus, je crois qu’on avait tous fait des apéro zoom et qu’on en pouvait plus. Donc je me suis dit que je n’allais pas brancher la caméra, et qu’on allait juste se parler et s’entendre, ce qui correspond plus ou moins à une conversation téléphonique.

Et j’ai très vite au l’impression que les gens que j’appelais m’oubliait. Pas complètement, mais ils finissaient par se parler autant à eux-mêmes qu’ils me parlaient à moi. Je trouvais que ça amenait une introspection super riche et j’ai le sentiment que ce qui se dit quand on ne voit pas la personne en face est différent de ce qui se dit quand on a un public, quand on est regardé et qu’on regarde l’autre, ça amène sur d’autres terrains de réflexion. Et j’ai eu envie de continuer sur ce modèle là en tout cas pour ce type de conversation parce que je trouvais que ça amenait une introspection intéressante sur ces sujets là en tout cas.

Et quel était ton objectif avec ce podcast ?

Je crois que j’avais un objectif de curiosité d’auditrice. J’écris beaucoup au quotidien puisque je suis journaliste, mais je n’écris pas de fiction. Je suis absolument fascinée par la démarche de l’écriture qui consiste à se pencher de façon extrêmement intime sur des choses qui concernent les auteurs·trices pour les livrer au monde. C’est cet espèce de grand-écart incroyable entre l’extrêmement intime et l’extrêmement public qui me fascine. Et puis j’imagine que cette pratique là doit prendre beaucoup de place dans la vie des gens et ça m’intéressait de voir comment ça se traduisait très concrètement.

Il y a aussi un petit côté historiquement intéressant dans l’idée d’enregistrer ces témoignages aujourd’hui pour en avoir toujours la trace dans le futur.

Pour mon précédent podcast sur le cinéma (Les Rituels), j’en ai fait une vingtaine qui ont été publiées à ce jour je crois, ce qui représente un assez grand panel d’auteurs.trices du cinéma belge francophone contemporain. J’avais fait une interview au tout début du podcast Les Rituels avec la cinéaste Marion Encelle, qui est décédée quelques semaines après. Je lui posai la question de la première fois où elle avait écrit, de ce que ça représentait pour elle dans son enfance. Elle avait été d’une incroyable sincérité et générosité dans sa façon de se confier et donc j’étais à la fois très émue et très triste de sa disparition. J’étais aussi heureuse d’avoir pu graver ces quelques minutes de conversation et que ça reste accessible pour tous, parce que c’était vraiment un témoignage très beau et très riche, et sûrement utile pour plein de gens. 

Est-ce qu’une saison 2 est déjà prévue pour Alinéas ?

On espère bien proposer des nouveaux épisodes d’Alinéas courant 2022, dans le premier semestre. J’y tiens fort, j’espère que ça va se réaliser. On a hâte de pouvoir travailler sur les prochains numéros, même si on connaît pas encore les auteurs et les autrices, on devrait s’y pencher bientôt. 

Cette interview est disponible dans son intégralité en haut de l’article en version audio.

Envie d’écouter le podcast ? Clique ici pour le découvrir.

Crédit photo: Alice Khol

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