Depuis une vingtaine d’années, les identitaires se sont installés dans le paysage de l’extrême droite, à côté du Front national devenu Rassemblement national (mais non sans liens). Ils jouent un rôle spécifique, comme groupe violent là où ils sont présents mais surtout dans la bataille culturelle pour favoriser la diffusion et la légitimation des idées racistes, en particulier islamophobes. Avec le sociologue Samuel Bouron, spécialiste des médias mais aussi auteur d’une enquête par immersion dans la mouvance identitaire, nous revenons sur les origines de ce courant d’extrême droite singulier, sur sa vision du monde et ses stratégies, mais aussi sur les relais qu’ils trouvent dans les médias dominants. Dans son livre « Politiser la haine », qui vient de paraître aux éditions La Dispute, Samuel Bouron montre en effet que le relatif succès des identitaires – en termes d’influence, au regard de leur faiblesse numérique – est incompréhensible sans une analyse de l’écosystème médiatique. Et si celui-ci a permis la banalisation de leurs obsessions épuratrices focalisées sur l’islam et l’immigration, ce n’est pas simplement en raison de la présence croissante d’éditorialistes réactionnaires et racistes, mais du fait de transformations structurelles des médias (appropriation capitaliste de la presse, création de chaînes d’information en continu, soumission aux logiques d’audimat, journalisme web low-cost et montée des émissions de plateau, tout cela au détriment des enquêtes, etc.). Enregistrement et montage : Aurélien Thome.
