Comme chaque mois, quatre membres de l’équipe te partagent leurs derniers coups de cœur podcastiques. Si tu es à la recherche de nouveaux podcasts à écouter, tu es au bon endroit !
Le récit d’une femme pirate dans La dernière nuit d’Anne Bonny, le coup de cœur d’Astrid
Il s’agirait de « la fiction la plus ambitieuse jamais réalisée par Arte Radio ». Au-delà d’une production magnifique, digne du grand cinéma, La dernière nuit d’Anne Bonny est d’abord une bonne histoire, une très très bonne histoire d’amour et de liberté.
Anne Bonny est née en Irlande au 18e siècle et côtoya de grandes figures de la piraterie. Dans ce podcast majestueusement produit par Arte Radio, l’autrice et journaliste Claire Richard (Les chemins de désir, Des mains heureuses) recolle les bouts à l’aide de son imagination. Le récit est entrecoupé par les interventions de deux historien·nes qui questionnent la notion même “d’Histoire” en la confrontant à celle de fiction. Forcément, une femme pirate, ça fascine. Le destin d’Anne Bonny a donc donné lieu à de nombreuses interprétations. Le fil rouge du récit est la dernière nuit d’Anne Bonny, interprétée par Catherine Hiegel de la Comédie-Française. La vieille dame devenue maquerelle se raconte à une jeune fille de joie qu’elle emploie (Apolline, jouée par Alice Belaïdi). Sentant la mort approcher, elle désire rectifier la vérité sur son histoire.
Riche et merveilleux pour l’oreille, ce podcast est rempli de détails comme autant d’inspirations pour l’auditeurice. La réussite est un travail d’équipe : il y a le talent indéniable des comédiens, celui des réalisateurices et des techniciens ainsi que l’écriture ingénieuse de Claire Richard, généreuse, qui offre plusieurs niveaux d’écoute.
Pour lire la critique complète de ce podcast, c’est par ici.
La dernière nuit d’Anne Bonny est un podcast français de Claire Richard produit par Arte Radio.
En tête à tête avec Léna Situations dans Canapé six places : le coup de cœur de Laura
Je ne suis pas vraiment une fan de Léna Situations, bien que je comprends pourquoi elle a un tel succès auprès des jeunes. Je salue son parcours assez impressionnant, sans pour autant adhérer à tout ce qu’elle véhicule. Elle personifie un peu l’American dream, version parisienne.
J’ai quand voulu écouter son podcast, lancé en octobre dernier. Et j’ai été agréablement surprise. La première chose qui m’a marquée est la qualité sonore, donnant à Canapé six places un caractère très immersif. Son premier épisode s’ouvre sur une Léna peu sûre d’elle qui explique pourquoi elle a tant retardé le lancement de son podcast. Au fur et à mesure des épisodes, des thèmes importants sont abordés : la vie au collège et au lycée avec sa meilleure amie, être perfectionniste à l’extrême avec Pierre Niney, ou encore le burn out avec Bigflo. J’aime beaucoup l’idée de se baser sur le vécu de ses invité·es.
Mais quelque chose me chiffonne tout de même. Quand Léna enregistre un épisode avec un·e invité·e, c’est dans un décor particulier. Et c’est filmé. Canapé Six places fait en effet partie des podcasts vidéo de Spotify, concept débarqué en France l’été dernier. Grâce à un partenariat avec Anchor, les créateurices de podcasts peuvent désormais jouer sur les deux tableaux : format audio et format vidéo. Une petite manipulation sur Spotify te permet de passer d’un mode à l’autre, selon ton envie. C’est cette dualité qui m’a un peu dérangée. Là où le format podcast permet d’être derrière un micro et de donner un rendu assez intimiste, Léna fait le choix d’implanter un décor et de filmer comme sur YouTube. Ça m’a donné le sentiment que la vidéaste a essayé de se lancer dans un nouveau format, sans jouer le jeu à 100%. Bref, ce n’est pas Canapé six places qui va te faire réellement découvrir le monde du podcast.
Quoi qu’il en soit, je pense que c’est un podcast qui te plaira si tu es déjà attiré·e par ce que propose Léna Situations. Il est très qualitatif, s’écoute facilement, et les invité·es sont assez VIP (Pierre Niney, Géraldine Nakache, Constance Jablonski, Aya Nakamura…).
Canapé Six Places est un podcast créé par Léna Situations et produit par Spotify Studios.
L’Amérique scandaleuse dans American Scandal : le coup de cœur de Noémie
Avoue, ça t’es déjà arrivé. Tu es avec des ami·es ou de la famille et quelqu’un mentionne un événement historique important. Tu hoches la tête et fait “Ah oui” d’un air sérieux, mais au fond de toi, tu n’as aucune idée de ce dont on parle. Exemple : les Pentagon Papers. J’en ai bien sûr entendu parler, mais impossible de te résumer l’affaire… SAUF depuis que j’ai écouté American Scandal. Ce podcast américain s’intéresse aux grands événements ayant eu un impact sur la société américaine, voire le monde entier.
En tant que journaliste, je me sentais super mal de ne pas comprendre exactement l’affaire Edward Snowden. Maintenant j’ai tout pigé, et je peux donc faire la maline dans des dîners mondains (invitez-moi). Si pitché comme ça, ce podcast peut sembler carrément chiant, ce n’est absolument pas le cas. Pour te happer dans l’histoire, American Scandal reconstitue chaque événement en imaginant les dialogues des protagonistes. On a l’impression d’écouter une série, alors que ce qui est raconté est vrai. Oui les dialogues sont imaginés, mais toujours sur base des faits, et dans le respect total de la vérité. Bref, c’est absolument passionnant.
Dans le désordre, American Scandal a déjà parlé de : la secte Hare Krishna, le scandale du diesel de Volkswagen, le procès de l’humoriste Lenny Bruce, le meurtrier Unabomber, l’affaire de dopage de Lance Armstrong, les Pentagon Papers, le scandale du Watergate et la crise des missiles de Cuba. Un podcast essentiel si tu t’intéresses un tant soi peu à l’actualité et que tu veux comprendre le monde dans lequel on vit. Mieux qu’un cours d’Histoire, aussi addictif qu’une série télé.
American Scandal est un podcast de Wondery animé par Lindsay Graham.
Les voix de deux Afghanes dans Inside Kaboul, le coup de cœur de Caroline
Inside Kaboul, c’est un documentaire qui suit le quotidien de deux jeunes afghanes, Marwa et Raha. L’une et l’autre enregistrent le récit de leur vie, depuis l’Afghanistan. Pour être tout à fait franche, c’est le genre de podcast que je n’écoute pas. Avant même d’avoir appuyé sur *play*, je sais qu’il est qualitatif et fort, mais que je n’en ressortirai pas indemne, entre la peur, la révolte et le désespoir. Il faut une certaine disposition d’esprit pour se plonger dans ce genre d’aventure audio.
Mais ce podcast vient d’être récompensé au Festival Longueur d’ondes. Alors, j’ai pris mon courage à deux mains, et j’ai tendu l’oreille…
J’avais raison. C’est un podcast documentaire de qualité. Fort. Dont je ne suis pas ressortie indemne. Mais je me suis trompée sur un point : je n’avais pas peur, je n’étais pas (tout à fait) révoltée, ni désespérée. J’étais inspirée par ces deux jeunes adultes qui avaient toute la vie devant elles, pour qui tout a changé, mais qui trouvent toujours un rayon de lumière et un coin de ciel bleu.
De manière plus pragmatique, Inside Kaboul est intéressant par le procédé qu’il met en place. Sans la technologie actuelle, sans les smartphones de ces deux femmes, sans la 4G et le Wi-Fi, pas de documentaire… Ce format est presque contraignant pour la journaliste Caroline Gillet qui explique plusieurs fois ne pas contrôler la matière qu’elle reçoit, mais c’est aussi la force de ce documentaire audio : ce sont Marwa et Raha qui content et racontent la tragédie qu’elles traversent avec tout un pays. Comment être une femme au 21e siècle dans un pays où revient la terreur ? C’est une des questions que pose Inside Kaboul et une des nombreuses raisons de l’écouter sans tarder.
Seul point d’attention : j’aurais aimé que le podcast soit également disponible en « VO ». Marwa et Raha parlent anglais, et le doublage français nous met parfois à distance, alors qu’on voudrait pouvoir se concentrer sur leurs voix et leurs émotions.
Inside Kaboul est un podcast français de Caroline Gillet produit par France Inter.ré